Festival XS : Rencontre avec Alexandre Caputo
Après plusieurs années d'absence, le Festival XS, grand événement des arts de la scène à Bruxelles, change de lieu et revient pour une édition exceptionnelle au Théâtre Les Tanneurs. Mais qu'est-ce qu'exactement le Festival XS ? Rencontre avec Alexandre Caputo, son directeur artistique.
Après plusieurs années d’absence, pourquoi programmer à nouveau le Festival XS ?
Il y avait une forte envie d’artistes et de compagnies de revivre cette effervescence créative, de partager ce moment de fête avec les publics. Cet événement représente aussi un gros challenge pour les équipes du Théâtre Les Tanneurs. Nous étions nombreux et nombreuses à vouloir le relever.
Pourquoi ce choix de la forme courte ?
La forme courte permet d’essayer plein de choses, de prendre des risques. Une création prend au minimum deux ou trois ans. C’est une opportunité de pouvoir préalablement s’essayer à la forme courte, de déjà rencontrer les publics avec des ébauches de création – qui n’ont pas à rougir et sont déjà abouties. Ca fait partie du cheminement d’une création.
Le public prend aussi des risques de son côté. Comme ces performances ne sont pas longues (25 minutes maximum), il peut prendre le risque d’aller voir un spectacle d’un·e artiste qu’il ne connait pas du tout. En soirée, les spectateur·rices peuvent ainsi découvrir plein de spectacles et d’univers artistiques qu’ils et elles n’auraient peut-être pas eu l’occasion de rencontrer autrement.
La forme courte est donc une opportunité rare et unique, autant pour les artistes que pour les publics, de prendre des risques et de les partager, de les vivre ensemble de manière festive.

À quels publics s’adresse le Festival XS ? Peut-on venir sans avoir aucune connaissance du théâtre, de la danse ou de la performance ?
Le Festival s’adresse à tout le monde et ne nécessite aucune connaissance au préalable. C’est un endroit de découverte. C’est l’occasion de s’essayer à plein d’univers et disciplines différentes. Il faut se laisser surprendre.
Comment choisissez-vous les artistes et les projets ?
De manière totalement subjective. Il y a des artistes avec lesquels nous travaillons depuis très longtemps. Pour d’autres, ça sera la première fois. J’aime ce mélange de compagnonnages nouveaux et anciens. C’est aussi un festival fait de plusieurs générations d’artistes. C’est un festival qui réunit jeunes, vieux·lles, circacien·nes, acteur·rices, chorégraphes, auteur·rices, plasticien·nes…
En parlant d’auteurs et autrices, vous en avez invité certain·es à écrire et lire une lettre d’amour. Pourquoi ?
Dans ce monde parcouru de violences et de polarisation politique, je ressens personnellement de plus en plus un besoin d’amour, de paroles qui sont dans le soin, le respect, la douceur. Notre société a besoin de paroles qui sont dans l’amour et la bienveillance. Faire un espace au sein du festival pour des paroles différentes, qui ne sont pas clivantes, qui ne sont pas dans l’opposition ni dans le « il n’y a qu’à », mais dans le « j’aime », je trouve ça aujourd’hui primordial.

Quel est le plus grand défi logistique d’un tel festival ?
Il y a une phrase de Pierre Boulez que j’aime beaucoup : « Organiser le délire ». Nos métiers, c’est, entre autre, d’organiser le délire. De permettre la rencontre entre des délires organisés par des artistes et les publics les plus nombreux. Le festival, c’est vraiment ça : comment rendre possible ces 22 rencontres qui vont avoir lieu chaque soir avec plein de publics et que tout puisse s’enchainer de la meilleure manière possible. Le plus gros défi est certainement le respect du timing. On peut avoir 5min de retard, 10, mais à 15, ça devient compliqué. Il faut donc tenir le rythme et la pression.
Comment imaginez-vous ce festival dans le futur ?
Idéalement, je l’imaginerais partout. Une sorte de festival tournant dont plein de personnes pourraient s’emparer et qui aurait lieu dans des maisons différentes, aussi bien en Wallonie qu’à Bruxelles, voire à l’étranger. Le Festival XS ne serait alors pas du tout lié à une seule maison ou une seule personne.
